« Comment c’est loin » réalisé et interprété par Oreslan est ce que l’on peut désigner comme une belle surprise : un film inattendu, original et qui fait mouche.
Il ne s’agit pas d’un film de rap, même si le son dans lequel excelle Oreslan constitue la trame de fond du scénario. Il s’agit plutôt de l’histoire d’une profonde amitiés entre deux copains qui ont du mal a réaliser « qu’ils ont pris dix ans depuis leurs 20 ans » et qui procrastinent joyeusement, du canapé au centre commercial via l’arrêt de bus, sans prendre la mesure du temps qui passe. Après une première expérience brillante sur une radio, un producteur leur a donné les moyens d’écrire un album de rap, mais 5 ans plus tard, pas une chanson n’est terminée… L’ultimatum tombe : Orel et Gringe promettent décrire une chanson pour le lendemain. Mais leurs devises sont plutôt « j’essaye de faire de mon mieux, mais je m’ennuie quand cela devient sérieux » ou « l’avenir appartient à ceux qui se lève à l’heure où je me couche ».
Loin des clichés généralement associés au rap, le film se passe à Caen et raconte ses 24 heures au cours desquelles se percutent doutes et certitudes des deux garçons, les obligeant à régler les questions ouvertes mais jamais refermées avec leurs petits boulots, leurs amis, leurs petites-amies et surtout avec eux-mêmes. « Si c’était facile tout le monde le ferait » et justement, écrire une chanson se révèle pour eux aussi compliqué que de se projeter dans l’avenir et le monde réel après avoir passé son temps à le fuir.
« Comment c’est loin » rappelle parfois, à une autre époque et dans un autre milieu mais avec la même justesse, les interrogations soulevées dans « Un monde sans pitié » (d’Eric Rochant), il y a déjà 25 ans. Une belle réussite dont l’intelligence peut toucher toutes les générations.
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